Les Techniques de Gravure
La Gravure en relief : La Gravure sur bois - La linogravure
Au début de notre ère, la technique de la gravure sur bois fut inventée par les Chinois. Un peu plus tard, les Mongols envahirent l’Inde et la Chine où ils découvrirent les jeux de cartes qui restaient la distraction par excellence des soldas désoeuvrés. Quand leurs jeux de cartes étaient usés, les Mongols utilisaient la technique de gravure chinoise afin de fabriquer de nouveaux jeux. Ils transportèrent ensuite cette technique aux portes de l’Europe.
Gutenberg réalisa plus tard la mise au point des différents dispositifs d’impression, à savoir la presse, l’encre et l’alliage métallique des lettres. L’invention de la gravure et de l’imprimerie est le fruit de plusieurs siècles de travail, les origines découlant de quatre découvertes, le papier, les sceaux, l’estampe et les caractères mobiles.
Le procédé de l’estampe prend sa source dans les copies réalisées sur les textes classique confucéens gravés sur pierre en 175-180 avant notre ère. Mais, gravées en creux, les estampes n’apparaissaient qu’en blanc sur fond noir. C’est alors que l’usage des sceaux permit le perfectionnement des techniques. Au tout début du VIème siècle, l’impression se réalisa en noir ou rouge, sur fond blanc. On comprend alors que cette découverte exprimait les prémices du principe de l’imprimerie.
La gravure sur bois était déjà utilisée au Moyen Age pour l’impression des étoffes. A partir de 1430, le bloc d’impression fit son apparition, bloc sur lequel étaient gravés textes et illustrations. Cette technique consiste à évider certaines surfaces sur le support de bois (poirier, pommier, noyer ou merisier), pour réserver les traits en relief du dessin, à l’aide de gouges ou de petits couteaux. L’ « image » laissée en relief sur la planche a été ainsi épargnée. Car l’encre appliquée sur le bois va en effet se déposer sur les parties des motifs épargnés. Les parties évidées resteront blanches sur l’œuvre imprimée. L’artiste dépose ensuite une feuille de papier sur sa plaque de bois ainsi encrée, avant d’exercer une pression sur l’ensemble, afin que la réalisation, à savoir les parties encrées, soit reportée sur le papier (transfert). Albrecht Dürer fut un incontestable virtuose de la gravure sur bois. Voir le Cycle de l’Apocalypse (illustration ci-dessous).
La linogravure fit son apparition au milieu du XIXème siècle. Le linoléum, communément appelé le « lino des cuisines de nos grands-mères », est composé de poudre de liège, d’huile de lin, de gomme et de résine comprimée sur une toile de jute. On comprend dès lors que cette matière tendre pourra être gravée aisément. Les mêmes effets sont obtenus avec le bois, à la différence qu’avec le linoléum, le geste est plus libre, et la ligne se dessine dans une plus grande souplesse.
L’intensité et la subtilité des dégradés offerts par la linogravure vous séduiront, comme a été séduit le grand Matisse à son époque, fasciné qu’il était par toutes les possibilités chromatiques de cette technique qui nécessite cependant un affûtage soigné de vos gouges ou couteaux afin d’obtenir le meilleur résultat de gravure (pierre à aiguiser ARKANSAS par exemple). Au repos, prenez soin de protéger l’extrémité de vos outils à graver avec un bouchon en liège.
L’encre à utiliser sera une encre à l’eau, qui certes fera gondoler vos papiers, mais sera beaucoup plus facile à mélanger, doser ou conserver qu’une encre à l’huile.
La fameuse marque SCHMINCKE propose 18 couleurs qui vous exalteront par leur rendu exceptionnel, pour un temps de séchage rapide de l’ordre de 15 mn. Il est conseillé de réaliser le transfert sur un papier peu absorbant, car ce dernier exprimera un meilleur rendu des couleurs, en opposition à un papier lisse et trop encollé en surface.
Si l’on ne possède pas de presse, il est recommandé de privilégier les petits formats qui pourront être imprimés avec un rouleau.
Des planches à graver en plastique blanc existent dans différents formats, pour vous aider à bien maintenir les plaques de linoléum, avant votre travail de gravure.
Les plaques de linoléum DLW, souples, de couleur brun foncé, sont particulièrement aisées à graver ou couper, sans détériorer la finesse de l’aiguisage des outils. Deux épaisseurs sont à retenir, 3,2 ou 4,5 mm, pour des formats allant de 14,8 x 21 cm à 42 x 60 cm.
Pour bien s’initier à cette technique, la marque ABIG propose des sets de linogravure comprenant un manche en bois piriforme, terminé par un embout qui vous permettra d’adapter une des cinq pointes de gouges en acier spécial, en V ou en U, pour la décoration, ou creuses de 3 ou 4 mm, et à contours. Le tout pour un prix modique.
Les grands fabricants comme DASTRA et KIRSCHEN proposent des gammes très larges de gouges.
Au XVème siècle la gravure en creux sur métal fit son apparition, sur cuivre et sur zinc, pour de devenir un mode d’expression recherché. A l’aide d’une pointe sèche ou d’un burin, le motif est gravé sur le métal. L’encre ensuite appliquée sur la plaque de métal est retenue par les minuscules sillons. Après essuyage des surfaces non gravées, sous l’effet de la presse, le papier pénètre dans les sillons pour absorber l’encre.
Le pionnier de l’estampe réalisée en creux, à la pointe sèche et au burin fut l’artiste alsacien Martin Schongauer à la fin du XVème siècle (voir ci-dessous).
La subtilité de cette technique vit ensuite l’éclosion de la taille douce en Italie, initiée par les orfèvres toscans, puis par les graveurs florentins vivant dans l’entourage de Botticelli.
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ALAIN VERMONT